Forte d’un tissu industriel puissant, la région ARA parvient à mobiliser de nombreux moyens pour faire face à la crise sanitaire, et les entreprises modifient ou ajustent leurs savoir-faire pour répondre aux demandes des hôpitaux et des collectivités. À période exceptionnelle, mesures exceptionnelles !
Si certaines n’ont pas attendu d’être sommées d’agir pour passer à l’action, ce sont environ 50 entreprises aurhalpines qui ont répondu à l’appel à la mobilisation contre le Covid-19 lancé par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une vingtaine d’entre elles ont présenté, le 14 avril dernier à l’hôtel de région de Lyon, les nouveaux matériels de protection qu’elles produisent ici sur le sol régional (gels, masques, blouses…) ou apporté leurs dons de masques FFP2.
UNITEX, l’organisation professionnelle du textile en Auvergne-Rhône-Alpes, a été sollicitée par le ministère de la Santé, le ministère des Armées, la Région et les services décentralisés de l’État pour identifier et répertorier les entreprises susceptibles de participer à l’effort de guerre et de nombreux industriels du textile se sont mobilisés pour répondre en urgence à cet appel. En quelques semaines, entreprises textiles et ateliers de confection ont rassemblé leurs compétences pour fabriquer des masques de protection destinés au personnel non-soignant et, dans un second temps, aux administrés des différentes communes, en vue du déconfinement imminent.
A l’annonce du confinement, et tandis que l’épidémie s’étendait sur le territoire, LES TISSAGES DE CHARLIEU (42) se tenait prête à mobiliser son outil industriel pour fabriquer un masque en tissu à grande échelle (100 000 / jour). L’ « Indispenmasque » a ainsi vu le jour. Et les exemples se sont multipliés au fil des semaines : la société BOLDODUC (69), spécialisée dans les textiles techniques, a également reconfiguré sa chaîne de production pour faire des masques prêts à l’emploi. PORCHER INDUSTRIES, en Isère, spécialisé dans les matériaux techniques alliant textile et chimie et FAURECIA (équipementier automobile), proposent des masques textiles en grande quantité et réutilisables. Enfin, THE A COUDRE, dans le Puy-de-Dôme, TISSAGE CARRET, en Savoie, HENITEX, dans la Loire, proposent des masques en tissus et OUVRY, à Lyon, travaille quant à lui à la conception d’un masque réutilisable 100 fois.
Tandis que le groupe LVMH annonçait mi-mars la production de plusieurs tonnes de gel hydroalcoolique sur des chaînes de production dédiées d’ordinaire aux parfums et cosmétiques, et notamment sur le site vichyssois de L’OREAL, une dizaine d’entreprises de la région se sont impliquées dans la fabrication de gel hydroalcoolique et ont mis en place de nouvelles chaines d’approvisionnement. C’est le cas de la DISTILLERIE DE VALLON PONT D’ARC en Ardèche, qui a fourni de l’alcool à GREENTECH dans le Puy-de-Dôme (produits cosmétiques et pharmaceutiques), qui a réorienté sa production pour fabriquer le gel avec cet alcool. CENTRE PHARMA a procédé à la mise en flacons, flacons donnés par DANONE à raison de 50 000/semaine, et livrés gracieusement par EVIAN aux officines pharmaceutiques.
ORAPI HYGIENE, dans l’Ain, PHYTEMA, en Savoie, LABOJAL, dans le Rhône, SODEVI, dans le Puy-de-Dôme, ont également lancé une production de gel. REAL INOX, dans la Loire, fabrique des distributeurs de gel hydroalcoolique. Hors entreprise, il faut citer également le LYCEE LOUIS ARMAND de Chambéry, qui est sur le pont et produit plus de 1 000 litres de solution hydroalcoolique chaque semaine pour les Ehpad, les forces de l’ordre et l’ensemble des services publics de Savoie.
Sans parler des laboratoires de recherche médicale, entrés très tôt dans la course au vaccin et aux possibles traitements, la filiale R&D, les écoles d’ingénieurs de Saint Etienne et Grenoble, les FabLab… ils sont nombreux à avoir planché sur des solutions. Ils ont ainsi fourni des prototypes de visières ou de protections adaptables à différents supports.
CV PACK, fabricant d’emballages pour l’industrie, a ainsi développé une visière. Destinée à l’origine aux salariés de l’entreprise, celle-ci rencontre aujourd’hui un franc succès, bien au-delà de son usine de Saint-Chamond. IPS GROUPE, en Haute-Loire, spécialisé dans les emballages industriels, a proposé une surblouse jetable en plastique avec des manches amovibles. PIGAGNOL, dans le Cantal, fabriquant de parapluies haut de gamme, produit des blouses lavables. L’entreprise COMAS, dans l’Ain, spécialiste de l’emballage en bois, et HARMONYL 2, en Isère, fabriquant de boites à bonbons, ont produit des visières et des plaques de protection. RTS CHAPUIS, concepteur et fabricant de brancards d’ambulance sur Saint-Bonnet-de-Mûre, a quant à lui développé en quelques jours un dispositif de protection pour les brancards, facilitant ainsi le transport des malades.
De belles dynamiques se font jour, et les industriels travaillent ensemble. Le groupe Vacher (42), spécialiste des formes de découpe basé à Saint-Just-Saint-Rambert, a ainsi lancé une fabrication de visières de protection qui associe plusieurs entreprises de la région stéphanoise. « Nous avons utilisé le design du produit conçu par nos collègues de San Sebastian (Espagne) pour fabriquer les outils de découpe. Deux de nos clients ont accepté de prendre une part active dans l’opération », déclare Frédéric Vacher. Tout d’abord l’imprimerie voisine HAUBTMANN, à Andrézieux-Bouthéon, qui découpe les visières en PET dans des délais record, puis l’IMPRIMERIE MARCOUX, installée à Saint-Just-Malmont (43), qui assure la fabrication des cartons d’emballage des visières.
Ces élans d’innovation et de mobilisation, dont la liste n’est pas exhaustive, se ressentent fortement au niveau local. D’autres entreprises, faute de pouvoir modifier leurs outils de production, apportent leur contribution à l’effort collectif autrement, comme VEOLIA ou KYUBIX (constructions modulaires), qui mettent des locaux à disposition des patients ou des personnels soignants.
Bien que peu sollicités par l’exécutif ou les instances régionales pour prendre part à la mobilisation, certains cabinets juridiques ou de conseil se mettent gracieusement à la disposition de leurs clients, particuliers ou entreprises, pour les accompagner et les aider à traverser la crise.
A notre (petit) niveau et dans nos champs de compétences, nous entretenons plus que jamais le contact avec nos clients et nos candidats, pour apporter des réponses à leurs problématiques, partager notre lecture de l’actualité, envisager collectivement l’Après, faciliter la mutualisation de pratiques et, pourquoi pas, permettre la mise en relation de certains d’entre eux.
Vous avez un exemple de mobilisation à partager ? Les professionnels de votre secteur ont mis en place des solutions innovantes ? Vous faites partie d’une chaîne de solidarité inter-entreprises ? Témoignez !
Sources : Bref eco / Enviscope / Le journal des Entreprises
Image : PORCHER INDUSTRIE