Coronavirus : un marché de l’emploi ralenti, mais pas éteint

Temps de lecture : 6 min

« L’impact du Covid-19 sur l’emploi est profond, d’une grande portée et sans équivalent », a alerté la semaine dernière l’Organisation internationale du travail (OIT). Sur une population active de 3,3 milliards de personnes, plus de quatre sur cinq (2,5 milliards) sont affectées par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, évalue l’OIT.

En France, le recours au chômage partiel a été demandé pour 9 millions de salariés, soit près d’un salarié sur deux et plus de 700.000 entreprises touchées, un nouveau record annoncé aujourd’hui par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « On est le seul pays à être à ce niveau de chômage partiel », a dit la ministre au cours d’une audition en vidéoconférence au Sénat. Lors du précédent pointage tout début avril, le recours à l’activité partielle, avait été demandé par 337.000 entreprises pour 3,6 millions de salariés. Ce dispositif a été mis en place pour « sauver des millions d’emplois, éviter le chômage à des millions de Français et permettre aux entreprises de repartir plus vite », a notamment rappelé la ministre.

Le marché de l’emploi

Corollaire de la mise en sommeil de pans entiers de l’économie, le marché de l’emploi a largement ralenti depuis le début du confinement, sans toutefois s’éteindre totalement. En témoigne le nombre d’offres disponibles sur le site Internet de Pôle emploi, passées de 655.000 le 24 mars à 512.000 le 6 avril. Soit 143.000 de moins en deux semaines.  Une chute brutale qui touche également les cabinets de recrutements. « Les entreprises continuent de recruter dans l’agroalimentaire, l’énergie ou la santé et, dans une moindre mesure, les biens d’équipement, le public ou le parapublic. Côté métier, les informaticiens ou responsables de production sont toujours recherchés », détaille Laurent Blanchard, le directeur général pour la France de PageGroup, spécialisé dans les recrutements qualifiés. Les offres dans la santé – professions médicales, hôpitaux et centres de soins – ont augmenté de 137 %, de janvier à mars par rapport à la même période l’année précédente, abonde LinkedIn. Pour sa part, Indeed, l’un des principaux sites agrégateurs, qui fait face à une baisse de 31 % de son flux d’offres d’emploi, estime que le recul est général, même dans les secteurs en première lignes, dans la pharmacie ou les soins infirmiers notamment.

Le marché des cadres semble moins souffrir de la crise. En effet, les premiers constats de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) montrent que le marché des cadres résiste à la tendance générale. L’association fait état d’une baisse de 15,5 % des offres d’emploi (hors celles de ses partenaires), bien en deçà de celle du marché de l’emploi dans son ensemble. Cadremploi publie également ses chiffres et indique que, bien que le nombre d’annonces publiées soit en forte baisse (-54% au total entre le 5 mars et le 5 avril) l’audience, elle, augmente. Les recruteurs qui continuent de diffuser des annonces bénéficient en effet de la réactivité et la disponibilité des candidats ! Après avoir subi une baisse au début du confinement, le trafic est de retour à la normale et même en hausse de +5% sur la troisième semaine par rapport à la période pré-confinement. 

Le nombre moyen de candidatures par annonce est lui aussi à la hausse puisqu’il atteignait +30% début avril. Une tendance validée par un sondage Cadremploi qui indique que 41 % des personnes interrogées sont mues par la crainte de perdre leur emploi après la crise et mettent à profit cette parenthèse pour réactiver leurs réseaux. Et ils ont raison, car même si les services RH sont concentrés sur la gestion de la crise, les cabinets de recrutement sont toujours sur le pont. 22 % des cadres déclarent d’ailleurs avoir été chassés depuis le début du confinement… Les candidats au changement d’avant la crise semblent quant à eux persister dans leur projet puisqu’ils sont 72% à poursuivre leur quête d’un nouveau poste pour l’après-crise.

Des secteurs en reprise

Certaines entreprises n’ont pas voulu stopper leurs recrutements de cadres car elles préparent l’après-crise sanitaire, notamment pour des métiers pénuriques ou des fonctions stratégiques. Les processus de recrutement se poursuivent ainsi pour 23% des cadres interrogés par Cadremploi et des cadres sont en cours d’intégration ces jours-ci dans des entreprises qui continuent de tourner malgré la crise.

Plus de la moitié des entreprises du secteur des industries mécaniques ont repris leur activité, a indiqué la semaine dernière leur fédération FIM, qui s’attend toutefois à des résultats 2020 « en forte baisse » en raison de la crise du coronavirus. Cette crise va « durer dans le temps » et « son ampleur n’est pas évaluable à ce jour », constate la Fédération des industries mécaniques (FIM) dans un bilan économique publié récemment. Mais «sa durée et la possibilité pour l’industrie de reprendre son activité le plus rapidement possible constituent des éléments économiques fondamentaux pour en limiter les conséquences », souligne la fédération.

La Fédération française du Bâtiment publie quant à elle un guide de Préconisations sanitaires pour assurer autant que possible la continuité des activités. Alors que de nombreux professionnels de la branche jugeaient intenable de poursuivre les chantiers, le gouvernement, lui, y voit une activité essentielle à l’économie. Il préconise ainsi que, dans le cas des chantiers de travaux publics, comme par exemple les infrastructures de transport ou les travaux de voirie, les grands maîtres d’ouvrage au niveau national et les préfets au niveau local coordonnent et priorisent les chantiers à poursuivre ou à relancer, et veillent au respect des mesures spécifiques.

Quant à nous…

L’activité d’Humanae se poursuit en télétravail depuis le début du confinement. Nous sommes parvenus à finaliser plusieurs missions dans cette période, 80% d’entre elles ayant été maintenues malgré la crise sanitaire. Nos clients nous demandent de rester actifs pour établir des shortlists de candidats à rencontrer dès la sortie du confinement. Cela ne nous garantit pas le succès, mais nous permet de garder le moral !

Aujourd’hui notre équipe se concentre avant tout sur la nécessité de maintenir le dialogue et de proposer un accompagnement optimal à l’ensemble de notre réseau, Candidats, Entreprises et Partenaires.

Sources : FIGARO Recruteur / Cadremploi / Le Journal des Entreprises / Les Echos / crédit photo : Freepick

Les chiffres en Région Auvergne Rhône Alpes (mise à jour du 17/04/20)

Selon les chiffres de la CCI Lyon Métropole, Saint-Etienne, Roanne, deux tiers des entreprises continuent leur activité (63 %). Ce chiffre varie énormément selon les secteurs. Ainsi, le secteur des cafés-hôtels-restaurants est quasiment à l’arrêt, tout comme les commerces hors alimentaires. À l’inverse, 77 % des industriels et 73 % des entreprises de services poursuivent leur activité. Pour 63% des entreprises contactées par la CCI, le niveau de production est en dessous de 70 %. Parmi les entreprises encore en activité, une très grande majorité (95,5 %) n’envisage pas d’arrêter son activité pour l’instant, et ce quel que soit le secteur d’activité.  

75 % des entreprises contactées par la CCI indiquent avoir eu recours à du chômage partiel, 39,8 % du télétravail. 18,8 % sont absents pour garde d’enfant, 13,8 % en arrêt de travail, 12,8 % en congés et 17,8 % des employés sont présents physiquement sur leur lieu de travail.

Sources : Lyon Capitale – LE PROGRES – LE JOURNAL DES ENTREPRISES / Photo : Unsplash.com 

Recevez les dernières directement dans votre boîte email.